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Une île sous le joug du bruit
GANGHWA-GUN, Corée du Sud — Des cris, des coups de feu, et un éclat de rires sinistres : l’île de Ganghwa, à la frontière de la Corée du Sud, subit chaque nuit une véritable attaque sonore orchestrée par le Nord. Ce phénomène plonge les habitants dans un état de désespoir croissant.
Kim Yun-suk, 56 ans, se souvient d’un temps de tranquillité. Elle s’endormait paisiblement, bercée par les sons de la nature. Aujourd’hui, elle endure une cacophonie qui rappelle une bande-son de film d’horreur à petit budget. « Les bruits apaisants de la nature sont devenus inexistants », déclare-t-elle à l’AFP. « Nous n’entendons plus que ce vacarme incessant. »
Une campagne de terreur auditive
Cette campagne de bruit incarne une escalade des tensions entre les deux Corées. En effet, le régime de Pyongyang a multiplié les tests de missiles et les provocations. Depuis juillet, des haut-parleurs diffusent ces sons inquiétants le long de la frontière.
À Ganghwa, située à seulement deux kilomètres du Nord, des mélodies lugubres et des cris de bataille retentissent chaque nuit. « Cela ressemble à des scènes de guerre », observe Ahn Hyo-cheol, un habitant de 66 ans. Les effets sonores rappellent ceux des films d’horreur des années 70 et 80, selon Hwang Kwon-ik, ingénieur du son.
Des impacts néfastes sur la santé
Les experts notent que cette exposition à des niveaux sonores élevés nuit à la santé des résidents. « Des niveaux supérieurs à 60 décibels nuisent au sommeil », explique Rory Cox, historien à l’Université de St Andrews. Lors d’une visite récente, l’AFP a mesuré jusqu’à 80 décibels la nuit.
An Mi-hee, 37 ans, exprime son épuisement. Elle souffre de maux de tête incessants et d’anxiété. « Mes enfants ne dorment pas non plus. Ils développent des aphtes », se lamente-t-elle. Cette situation désespérée l’a poussée à implorer les législateurs à Séoul de trouver une solution.
Une réponse inappropriée de la part des autorités
Les résidents de Ganghwa se sentent abandonnés par leur gouvernement. Choi Hyoung-chan, un homme de 60 ans, critique le manque de soutien pour les civils. « Les responsables devraient vivre ici pendant dix jours pour comprendre », suggère-t-il. « Je doute qu’ils puissent supporter une seule journée. »
Les tensions entre le Nord et le Sud restent palpables. Le leader nord-coréen, Kim Jong Un, a récemment désigné Séoul comme son « principal ennemi ». Les implications de ces attaques sonores sont inquiétantes. Elles visent clairement à semer la peur et le chaos.
Dans ce contexte, les habitants de Ganghwa continuent de vivre dans l’angoisse. Les nuits, autrefois sereines, se sont métamorphosées en un véritable cauchemar auditif. Les conséquences sur la santé mentale et physique sont alarmantes et nécessitent une attention urgente.
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