Déployer Replier le sommaire
21 octobre 2024 | 10h34
ROME, Italie — Sur une péniche ancrée dans le Tibre, à deux pas du Vatican, Loan Rocher a été « ordonnée » lors d’une cérémonie secrète. Elle s’oppose ainsi à l’interdiction de l’Église catholique concernant les femmes diacres et prêtres.
Revêtue d’une robe blanche ornée d’une étole arc-en-ciel, cette femme de 68 ans a reconnu que son ordination n’était pas reconnue par le Vatican. Ce dernier vient de tenir un sommet d’un mois sur l’avenir de l’Église.
Peu importe, a dit Rocher, qui est une personne transgenre.
« Ils répètent le même discours depuis 2 000 ans — les femmes sont inférieures, soumises, invisibles. C’est acceptable. Nous avons assez attendu, je prends donc l’initiative maintenant », a-t-elle déclaré à l’AFP.
Cérémonie de résistance
La cérémonie, qui s’est déroulée en trois langues, s’est tenue avec une grande discrétion. Environ 50 fidèles venus de divers pays y ont assisté. Elle a suivi la même liturgie qu’une messe officielle, avec des lectures bibliques, des chants et la communion.
Cependant, aux yeux de l’Église, cette cérémonie était illégale.
Le droit canon stipule que les six personnes ordonnées, dont Rocher, doivent être exclues de la communauté catholique. Pourtant, cette excommunication est perçue comme une sanction injustifiée par Bridget Mary Meehan, « évêque » aux États-Unis.
Une Église en quête d’égalité
Depuis 2002, le groupe qui a organisé cet événement a déjà procédé à 270 ordinations de femmes dans 14 pays. Meehan, âgée de 76 ans, a déclaré : « Nous avons lutté pendant 22 ans pour créer une Église plus inclusive. Tous sont les bienvenus, sans exclusions. »
Sur le pont supérieur de la péniche, les six candidats ont promis de « servir le peuple de Dieu » devant un autel agrémenté de bougies et de couronnes de fleurs.
Mobilisation des féministes
Récemment, des groupes féministes intensifient leurs actions pour influencer le Synode en cours, débuté en 2021. Ces associations, parfois soutenues par des théologiens, dénoncent la marginalisation des femmes dans un système patriarcal.
Malgré leur rôle central dans les paroisses, l’Église catholique reste fermement opposée à l’ordination des femmes. Elles se voient reléguées à des rôles d’assistance, que ce soit dans le catéchisme ou l’éducation.
Réaction face à l’autorité
Le sommet de ce mois d’octobre 2023 a abordé la question de l’accès des femmes au diaconat. Cependant, cette proposition a été écartée. Le pape, âgé de 87 ans, a lui-même refusé cette possibilité lors d’une interview télévisée en mai, surprenant ainsi les militants.
Adeline Fermanian, du Comité de la Jupe, a exprimé son désarroi : « C’était un véritable choc ». Elle a ajouté que la décision d’écarter l’ordination des femmes était en contradiction avec la philosophie du Synode, qui prône la consultation des fidèles.
Malgré les obstacles, Loan Rocher et les autres ne perdent pas espoir. « Je préfère avancer plutôt que de me plaindre », a-t-elle confié.
Les voix s’élèvent : « La hiérarchie a peur, mais le peuple ne l’est pas. Et il apprécie les prêtres femmes. »
En tant que jeune média indépendant, Actu24 a besoin de votre aide. Soutenez-nous en nous suivant et en nous ajoutant à vos favoris sur Google News. Merci !